S'il me fallait associer un lieu à mon adolescence, ce serait ce skate-parc, à Genève. Un circuit fermé fait pour roulé, patiné avec pour horizon la prochaine boucle. Un jeu de patience. Au seuil d'un départ. Avec ce véhicule qui à force de pratique a gagné notre démarche, s'est coulé dans notre silhouette. Avec ces bruits si caractéristiques, du bois, du métal qui claquent sur l'asphalte, le frottement des roues qui strie le sol et qui boucle après boucle creuse un sillon. Un trait qui n'est pas définitif, mais le premier. De nombreux suivront, le complèteront, le corrigeront, l'affirmeront, mais ils ne pourront pas lui retirer le mérite d'avoir été le premier.Ce trait encore incertain est surtout une longue trainée. Un moment très long qui aujourd'hui, à mon regard d'adulte, apparaît si bref. Moins de six ans. Une période faite de tensions, d'ambivalence, nous amenant à vivre des joies inédites et un ennui profond dans la même journée. Où paradoxalement on nous oblige à être indépendant. Où on est poussé à prendre le pouvoir sur notre conduite, alors que jusqu'ici on a suivi les balises les unes après les autres. On est jamais prêt. On est stupéfait. On hésite. On doit initier un premier mouvement. On le sait car le temps ne s'arrêtera pas pour nous, car même si on ne bouge pas les circonstances nous traîneront quelque part. Il faut avancer, même si on ne sait pas ni ce que l’on va perdre, ni ce que l'on va gagner.J’ai cherché à capter ce moment de stupéfaction, la crainte et l’indécision qui transparaît dans leur posture, leurs gestes et leurs regards. J’ai concentré en une série de photos autonomes une figure de l’adolescence devant cette présence de l’institution. Un environnement manifeste: les murs, les couloirs, le préau tout ce qui les sollicite à faire ce premier choix. 
Warum erwachsen werden
Gedankenverloren schauen sie weg. Herausfordernd blicken sie uns an. Die Jugend. Ihre Posen sitzen. Erprobt durch Selfies und Social Media. Und doch ist eine gewisse Unsicherheit wahrnehmbar. 
Jean Luc Andrianasolo porträtiert Schüler:innen der EPP St-Maurice auf der Schwelle zum Erwachsenenleben. 
« Notes pour trop tard » - das gleichnamige Lied von Orelsan bzw. Barbara Pravi gibt jungen Menschen Ratschläge auf den Weg, die sie selbst gerne gehabt hatten. Andrianasolos Inszenierung erinnert an populäre Magazine-Asthetik. Einfach und effektiv setzt er Licht und Umgebung ein. Dennoch erscheinen die Porträtierten in unverfälschtem Licht. Nah und doch distanziert. Seltsam entrückt. Authentisch. 
Chillen-einsam im Gang oder gemeinsam auf der Weise. Kleider und Frisuren markieren ihre Suche nach der eigenen Identität. Diese Selbstfindung im Spannungsfeld der Peer-Group, Role-Models und Erwachsenenwelt. Ihre Blicke faszinieren und geben zu denken. Eine junge Frau dreht sich von uns weg wie Gerhard Richters « Betty ». Eine junge Frau blickt uns skeptisch an, die andere zurück - Janusgesicht der Jungend. Ein forschenden Blick aus dem Fenster. In welsche Zukunft blickt die Jugend? Zwischen « No Future » und « For Future ». 
Hannah Arendt sprach von « Natalität , der Fähigkeit der Neuankömmlinge, einen neuen Anfang zu machen. Schenken wir ihnen unser Vertrauen. Denn nur wenn sie ihre eigene Welt kreieren können, erwachst aus ihr eine neue Welt.  
Michel Rebosura

Bascule
Clarisse, Paikea, Damien, Océane, Nicolas, Melissa et les autres. A l’orée de l’âge adulte, dans cette adolescence qui joue les prolongations, comment se rêvent-ils/elles à l’école professionnelle de St-Maurice où l’on attend d’eux/elles qu’ils consolident leurs connaissances, qu’ils acquièrent de nouvelles notions utiles à une formation professionnelle? Le but, lit-on dans un document présentant l’école, est de développer des méthodes de travail en vue de favoriser la prise en charge, l’autonomie et la recherche personnelle. L’objectif final est de faciliter le choix d’une formation ultérieure. 
A observer les regards, les position, les interactions, les quelques mises en scène tachetées de soleil, le béton comme fond de scène, les grands arbres du préau dont l’échelle réduit ces étudiants en jeunes pousses, toutes menues, on perçoit le silence de cette apnée avant que ne se dessine l’élan, la direction à prendre, un espace-temps propre à la sidération de ce qui va adviendre, et qui adviendra parce qu’on l’a décidé. La vie n’attend pas, on la prend en route ou pas ; face à la rigueur institutionnelle qu’incarne cette école, chacun.e pourtant rayonne de son individualité propre, de son être au monde; le photographe Jean Luc Andrianasolo a saisi ces possibles pas encore déterminés, mais gorgés de potentiel, il nous fait participer à ce silence assourdissant qui précède les premiers pas vers ce qui va nous agir.
Florence Grivel
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